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Valérie : « Grâce aux Restos du Cœur, j’ai raccroché à la vie. Vraiment. »

Septembre 2025

Maladie, burn-out professionnel, isolement, chute des revenus… Valérie a connu une véritable descente aux enfers. Mais au moment où tout semblait s’effondrer, une porte s’est ouverte : celle du Resto du Cœur de Gembloux. Ce lieu d’accueil et de solidarité lui a offert bien plus qu’un repas.

Donner, puis tomber

Pendant des années, Valérie a travaillé comme aide familiale. « Je faisais tout pour que les gens restent chez eux, dans leur confort, dans leur dignité. » Mais à partir de 2020, la pression s’est intensifiée. L’équipe s’est réduite, le travail a doublé. Elle s’est accrochée… jusqu’à la rupture.

Deux chutes, une aggravation de douleurs chroniques, un burn-out. Elle s’est retrouvée en arrêt. Le diagnostic tombe : invalide. Plus de travail, plus de rythme, plus de lien.

« Mon corps ne suivait plus. Et je n’ai pas été entendue. »

La spirale

Valérie perd tout en quelques mois. Son emploi. Son autonomie. Et petit à petit, ses ressources. Les revenus d’invalidité ne suffisent pas. Elle doit faire appel au CPAS, entamer un règlement collectif de dettes. Elle vit seule, avec un budget de plus en plus serré.

« Je touchais 1 600 € nets, je suis tombée à 1 460–1 480 €. Et ça continue à baisser. »

Le CPAS l’oriente vers d’autres structures. Elle entend alors parler des Restos du Cœur.

« Je ne pensais pas que j’aurais droit à l’aide alimentaire. J’étais toujours du côté de ceux qui aident… et je me retrouvais de l’autre côté. »

Une écoute qui change tout

Elle prend contact avec le Resto du Cœur de Gembloux. Elle y rencontre Sandra, à la fois responsable et assistante sociale. Son accueil et celui des bénévoles fût particulièrement humain, sans jugement. Une enquête sociale est menée, et Valérie devient bénéficiaire.

Elle reçoit son premier colis. Elle assiste à son premier repas. Elle découvre un espace de chaleur, de respect, de rencontres. Mais aussi une confrontation intérieure.

« J’étais mal. Je ne voulais pas qu’on me demande comment j’allais. Je ne voulais pas devoir expliquer. »

Ce jour-là, un tournage a lieu sur place. Valérie accepte de témoigner, à visage flouté. Elle pensait rester anonyme. Mais peu après, plusieurs de ses anciennes collègues la reconnaissent.

« Elles m’ont dit : “C’est le plus beau message que tu as transmis.Ça m’a bouleversée. »

Avec du recul, Valérie comprend aujourd’hui la portée de ce témoignage. Il a touché, bousculé, ouvert une parole dans son ancien milieu professionnel.

« On ne parle jamais du fait que ça peut aussi nous arriver, à nous. C’est comme si ça n’existait pas. Là, ça a mis des mots. »

Sortir de l’inaction

Valérie exprime son besoin d’agir. D’être utile. D’exister autrement. Avec l’accord de son médecin-conseil, à raison de quelques heures par semaine, elle devient bénévole afin de rompre l’isolement social. Elle aide aux repas, puis dans la boutique de vêtements de seconde main. Un rôle qu’elle remplit avec sensibilité et expérience.

« J’ai travaillé dans le textile. Je sais à quel point s’habiller peut redonner de la dignité. »

Elle participe aussi aux séminaires de la Fédération, aux réunions, à la Manne du Cœur. Elle propose des idées, partage son expérience, s’engage. Elle fait le lien entre les bénéficiaires, les bénévoles et les partenaires.

« Les Restos, c’est bien plus qu’un colis. C’est un endroit où on vous rend votre place. »

Toujours bénéficiaire

Valérie reste bénéficiaire. Ses revenus sont insuffisants pour vivre dignement. L’aide alimentaire lui est indispensable. Elle continue à renouveler son dossier, à faire les démarches, à partager son expérience pour que d’autres osent faire le pas.

« Je reviens avec mes factures, mon budget, chaque année. Tout est étudié. Et chaque année, c’est plus bas. »

Sandra rêve de développer un service colis bébé et met tout en œuvre pour les familles, en lien avec sa formation en puériculture. Elle défend aussi l’accès à la culture, aux loisirs, pour les enfants précaires. Elle encourage les collaborations locales. De son côté, Valérie, a simplement à cœur pendant ses quelques heures de bénévolat, de soutenir l’initiative, motivée par la détermination et l’enthousiasme infaillibles de Sandra et des différentes équipes bénévoles

Une pause, mais pas un arrêt

Aujourd’hui, sa santé l’oblige à faire une pause. Mais son cœur reste là. Elle compte bien revenir dès que possible, reprendre son rôle, à son rythme.

« Le service repas me manque. C’est un endroit où l’on crée du lien, où l’on peut accueillir l’autre avec chaleur. »

Elle sait maintenant ce qu’apporte concrètement l’aide des Restos du Cœur. Elle en parle avec ses proches. Ses enfants réfléchissent à s’engager eux aussi, plus tard.

Un message pour tous

« J’ai toujours donné aux autres. Mais on ne m’avait jamais appris à penser à moi. C’est ici, dans ma première enquête sociale, qu’on m’a demandé : “Et toi, qu’est-ce qui te rend heureuse ?»

C’est là que tout a recommencé.