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La gratuité scolaire : un droit sur le papier, un combat sur le terrain
Août 2025
Chaque rentrée scolaire relance l’illusion d’une gratuité scolaire pour tous les enfants en Belgique. Si des mesures existent, la réalité vécue par des milliers de familles reste bien différente. Pour celles et ceux que les Restos du Cœur accompagnent, le coût de l’école reste une épreuve, matérielle, émotionnelle et sociale.
Une gratuité scolaire qui s’arrête à mi-chemin pour beaucoup d’enfants
La Constitution belge garantit l’accès gratuit à l’enseignement obligatoire (article 24). En théorie, cela signifie qu’aucun élève ne doit être empêché d’aller à l’école pour des raisons financières. Mais les modalités de cette gratuité diffèrent selon le lieu de résidence (Flandre, Bruxelles ou Wallonie) :
- En Flandre, un plafond légal est imposé sur les frais scolaires dans l’enseignement fondamental : maximum 55 € en maternelle et 105 € en primaire, comprenant les sorties, collations et autres petits frais (Onderwijs Vlaanderen, 2024). Le matériel pédagogique de base doit être fourni gratuitement par l’école. Mais au secondaire, les plafonds disparaissent, et les coûts peuvent rapidement dépasser plusieurs centaines d’euros par an.
- À Bruxelles et en Wallonie, la gratuité a été renforcée en 2024 dans l’enseignement primaire : les élèves de 1re à 3e année reçoivent gratuitement leurs fournitures de base (cahiers, crayons, colle, etc.) grâce à un budget dédié (FWB, 2024). En revanche, à partir de la 4e primaire et tout au long du secondaire, les frais redeviennent à charge des familles.
Selon l’Union Francophone des Associations de Parents de l’Enseignement Catholique, le coût moyen d'une rentrée en secondaire atteint 783 €, et peut dépasser 1 100 € dans certaines options qualifiantes (UFAPEC, 2024).
Quand le matériel reste à l’école… et les devoirs sans solution
Même dans les écoles où le matériel est fourni gratuitement, de nombreuses directions imposent que celui-ci reste dans les murs de l’établissement : les plumiers, les ciseaux, les blocs de feuilles sont rangés dans les bancs.
Résultat : les enfants rentrent chez eux sans aucun outil pour faire leurs devoirs ou réviser leurs leçons. Cela creuse encore davantage les inégalités, surtout dans les foyers où l’on ne peut pas se permettre d’avoir un « double » jeu de fournitures à la maison.
La gratuité ne suffit pas : notre action reste vitale
Même dans les classes où la gratuité théorique s’applique, les enfants précarisés ont besoin de matériel à la maison pour réussir. Fournir un kit scolaire neuf c’est :
- permettre à un enfant de faire ses devoirs dans de bonnes conditions ;
- lui offrir un repère stable, même dans un logement instable ;
- restaurer un sentiment de dignité et d’égalité avec les autres.
C’est aussi un acte de confiance envers l’enfant : lui dire qu’il mérite, lui aussi, du neuf, du beau, du complet. Pas du rabais.
En 2025, près de 4.000 enfants issus des familles soutenues par les Restos du Cœur de Belgique ont besoin de ce geste
Face à l’augmentation des demandes, notre action vient pallier un vide laissé par les politiques actuelles et que les écoles, ne parviennent à combler totalement.
Malgré un contexte budgétaire tendu, la Fédération des Restos du Cœur de Belgique poursuit son engagement envers ces enfants précarisés. Parce qu’un cartable bien rempli, ce n’est pas qu’une question de matériel : c’est une porte ouverte vers l’égalité, la dignité et l’avenir. Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain — leur offrir les bonnes bases, c’est construire une société plus juste pour tous.
Nous agissons, nous pallions le système à la hauteur de nos possibilités financières, nous répondons concrètement aux besoins urgents et légitimes des familles.
