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Alerte sur l’aide alimentaire en Belgique : un recul historique voté pour 2026

Octobre 2025

Depuis leur création, les Restos du Cœur de Belgique tendent la main à celles et ceux que la société laisse de côté. Chaque jour, des femmes, des hommes, des enfants franchissent nos portes pour un colis, un repas, un moment d’écoute. En 2024, 1.631.189 repas et/ou colis alimentaires ont été distribués par les Restos du Cœur belges. Ce chiffre en hausse constante ne reflète pas une situation exceptionnelle : il traduit une évolution de fond. Travailler, aujourd’hui, ne suffit plus toujours pour vivre dignement.

Et pourtant, alors que les besoins ne cessent d’augmenter, un recul historique de la solidarité publique vient d’être voté : le budget fédéral 2026 prévoit de réduire de plus de 60 % les moyens alloués à l’aide alimentaire, passant de 40 à 15 millions d’euros. Cette décision, prise sans concertation réelle avec les associations de terrain, compromet gravement la continuité de notre action et celle de nombreuses structures qui, comme nous, accompagnent chaque jour des personnes en grande difficulté.

Une crise silencieuse… qui n’a plus rien de passager

La précarité ne se mesure pas uniquement en chiffres, mais les chiffres disent l’essentiel. Plus de 600.000 personnes ont aujourd’hui besoin d’une aide alimentaire régulière en Belgique (FdSS, 2024). À cette crise durable s’ajoute un effet ciseau implacable : les ressources diminuent, les demandes explosent.

Du côté des approvisionnements, les dons alimentaires se raréfient, les invendus des grandes surfaces deviennent plus rares, et les produits alimentaires fournis dans le cadre des mécanismes publics — notamment européens — sont eux aussi en forte diminution, ce qui fragilise directement nos capacités de distribution. Parallèlement, les coûts explosent : transport, énergie, logistique … Tout pèse plus lourd sur des associations déjà épuisées.

2026 : la rupture ?

En 2023, la Fédération des Restos du Cœur de Belgique a clôturé l’année avec 400.000 euros de déficit. En 2024, la perte a été limitée à 50.000 euros. En 2025, les prévisions annoncent un nouveau déficit de 200.000 euros. Nous avons tenu bon, jusqu’ici. Mais avec la baisse de soutien votée pour 2026, la question n’est plus seulement “comment allons-nous faire ?” — elle devient : “jusqu’à quand allons-nous pouvoir tenir ?”

Car ce n’est pas un simple ajustement budgétaire. C’est un retournement. Une cassure. Et avec elle, le risque très concret de devoir réduire les jours de distribution, limiter certains services ou refuser de nouveaux bénéficiaires, faute de moyens suffisants.

Nous le savons déjà : certains Restos du Cœur n’auront probablement plus les ressources nécessaires pour poursuivre leurs missions comme ils le souhaiteraient.

Moins d’aide, plus de pauvreté

Le recul de la solidarité publique ne se fait pas en vase clos. Il s’inscrit dans un contexte plus large : celui d’un durcissement social. En juillet dernier, une réforme a été votée excluant du chômage une partie des demandeurs d’emploi longue durée. Ces personnes seront privées de droits, mais pas de besoins. Demain, ce sont elles qui frapperont à nos portes. Comment leur répondrons-nous si nos Restos du Cœur sont contraints de fermer ou de refuser de nouveaux bénéficiaires ?

Les “enfants pauvres” sont toujours plus nombreux. Les travailleurs précaires, les personnes seules, les étudiants, les retraités, les familles monoparentales… tous ces visages de la précarité convergent désormais vers nos Restos du Cœur, avec des histoires singulières mais un même besoin fondamental : manger.

Une chaîne de solidarité à préserver

Depuis le début, les Restos du Cœur ont pu poursuivre leur action grâce à une mobilisation multiple : celle des bénévoles, des équipes locales, des partenaires associatifs, institutionnels, des communes, des écoles, des entreprises… et bien sûr, de nombreux citoyens et citoyennes.

Aujourd’hui, chacun peut jouer un rôle. Informer, sensibiliser, soutenir, relayer. La solidarité s’exprime de mille façons — et c’est ensemble que nous pourrons continuer à faire face.

L’alimentation n’est pas une option

Réduire l’aide alimentaire, ce n’est pas seulement ajuster une ligne budgétaire. C’est fragiliser un droit humain fondamental : celui de se nourrir. Et cela, nous ne pouvons pas l’accepter sans réagir.

L’alimentation ne doit pas devenir un luxe.

La solidarité ne peut pas être reléguée au second plan.

Pour que l’information circule, pour que l’action continue

Seuls, nous ne pourrons pas faire face à ce recul de moyens.

Si vous êtes touché·e par cette situation, parlez-en autour de vous, partagez cet article, relayez notre message. L'information est une première forme de solidarité.

Et si vous en avez la possibilité, soutenez concrètement notre action : chaque don, petit ou grand, nous aide à maintenir nos distributions, à garder nos portes ouvertes, à répondre à l’urgence avec dignité.

Merci de faire vivre la solidarité, aujourd’hui comme demain.